LES CHEVAUX SAUVAGES DE NAMIBIE Il n'y a jamais
LES CHEVAUX SAUVAGES DE NAMIBIE
Il n'y a jamais eu de chevaux en Afrique australe avant leur introduction par les colons européens au 17ème siècle. Les chevaux sauvages du Namib sont dits féraux, c'est-à-dire qu'ils descendent de chevaux domestiqués revenus à l'état sauvage, tout comme les Mustangs d'Amérique du Nord.
Il y a plusieurs théories sur l'origine des chevaux du Namib. On ne saura jamais dire avec exactitude depuis combien de temps ils sont apparus dans ce coin de désert d'environ 350 km2, mais on s'accorde à dire qu'ils sont là depuis l'époque allemande.
Une version parfois avancée est celle d'un navire à destination de l'Australie qui se serait échoué à la fin du 19 ème siècle près de l'estuaire de la rivière Orange, laissant s'échapper un groupe de pur-sangs dans la nature. Néanmoins, il faut garder à l'esprit que 200 km de désert séparent Garub de cet estuaire, un saut dans l'inconnu que ne feraient pas des chevaux domestiques, lesquels ont plutôt pour habitude de rester aux endroits qu'ils connaissent.
Une autre hypothèse est celle de la propriété de Duwisib, à 250 km au nord-est de Garub. Un riche aristocrate allemand, Hansheinrich von Wolf, y élevait en effet des chevaux (jusqu'à 350 en 1911), destinés à la remonte de la Schutztruppe. Après son retour en Europe et sa mort durant la Première Guerre Mondiale, sa ferme aurait été pillée puis laissée à l'abandon. Ces circonstances auraient permis aux chevaux de Duwisib de reprendre leur liberté. Cette histoire romantique semble pourtant infondée car un manager était présent à l'époque à Duwisib, et les livres de comptes ne mentionnent aucune perte de chevaux avant 1940. Or la présence des chevaux sauvages est attestée dès les années 1920. De plus, la distance entre Duwisib et Garub est trop importante pour avoir été parcourue par des chevaux domestiques. Enfin, la région de Duwisib est beaucoup plus hospitalière que celle de Garub, et des chevaux qui se seraient échappés de la ferme de von Wolf seraient sans doute demeurés dans les environs.
Le château de Duwisib.
Les chevaux du Namib ne peuvent être issus que d'un groupe perdu ou abandonné dans les environs de Garub ou de Aus. En l'occurence, les chevaux actuels présentent une variété de caractéristiques qui laisse à penser que le groupe originel était relativement important. Il est plus plausible de prendre en compte un ensemble de facteurs survenus lors de la Première Guerre Mondiale.
En Mars 1915, les forces coloniales allemandes disposent d'environ 2000 chevaux dans la région de Aus pour défendre le territoire de la Deutsch-Südwestafrika. Les troupes sud-africaines pénètrent alors dans l'intérieur des terres depuis Lüderitz avec 10000 soldats et 6000 chevaux. Devant l'avance de cet ennemi bien supérieur en nombre, les Allemands battent en retraite. Il se pourrait qu'ils aient abandonné derrière eux un certain nombre de chevaux. Cette théorie est toutefois nuancée par le fait que la retraite allemande se serait passée en bon ordre.
Chevaux des forces coloniales allemandes (Schuztruppe) dans les environ de Aus.
Le 27 Mars 1915, le lieutenant allemand Fiedler décolle à bord de son biplan Roland et lâche plusieurs bombes sur le camp de l'armée sud-africaine établit à Garub. Les quelques 1700 chevaux qui pâturaient tranquillement se dispersent aux quatre vents dans un grand nuage de poussière. Talonnant les troupes allemandes, les Sud-Africains ne se soucieront guère de retrouver la totalité des chevaux manquants.
Une troisième possibilité concerne le haras à Kubub, à 30 km au sud de Aus. Le maire de Lüderitz, Emil Kreplin, y élève jusqu'au début de la guerre des chevaux pour les courses et pour le travail dans les mines de diamants. En 1914, les civils de la région sont évacués et les chevaux du haras abandonnés à leur propre sort. Des photos d'époque montrent de grandes similarités entre les chevaux de Kubub et ceux qui vivent aujourd'hui dans le parc national Namib-Naukluft. Les caractéristiques les plus communément présentes sont celles que l'on peut trouver chez les Kap-Boerperds, les Hackneys et les Trakehners.
En conclusion, il est fort probable que les chevaux du Namib soient issus à la fois des forces allemandes, des troupes sud-africaines et du haras de Kreplin. Etant donné qu'il n'y avait pas de clôtures à l'époque, les chevaux ayant retrouvé leur liberté ont suivi leur instinct grégaire et se sont regroupés dans la région de Aus, où se trouvent quelques points d'eau naturels. Il est possible qu'ils aient été rejoints par d'autres chevaux abandonnés avec l'avènement de l'automobile ou durant la Grande Dépression des années 1930.
Après la découverte de diamants près de Lüderitz, la zone interdite (Sperrgebiet) est étendue en 1909 à la région de Garub. Pendant l'occupation sud-africaine, la zone est confiée à la compagnie minière CDM (Consolidated Diamond Mines) qui maintient l'application de l'interdiction jusqu'en 1986, date de création du parc Namib-Naukluft. Grâce à cette restriction d'accès, les chevaux de Garub ont pu vivre jusqu'à aujourd'hui dans un territoire épargné par les activités humaines.
Malgré leur extraordinaire adaptation aux rudes conditions du désert, les chevaux du Namib n'auraient jamais pu survivre sans l'abreuvoir artificiel de Garub. La compagnie CDM a maintenu le bon fonctionnement du pompage pendant des décennies en sachant apparemment à qui il profitait le plus.
La B4, entre Aus et Lüderitz, qui traverse la région où vivent les chevaux sauvages du Namib.
Cicatrices infligées lors des combats entre étalons.
Les chevaux sauvages vivent en hardes d'une dizaine d'individus ou plus, comprenant un ou deux étalons, quelques juments et leurs poulains. Les jeunes étalons se rassemblent également de manière temporaire. Les groupes sont dirigés par une jument et protégés par un étalon, parfois deux. La jument comme l'étalon peuvent chacun leur tour assumer le rôle de leader. Ce dernier décide quand il faut aller s'abreuver ou chercher de nouveaux pâturages. La jument défend elle-même son poulain si un prédateur s'approche de sa progéniture. Dans d'autres circonstances, c'est l'étalon qui interviendra.
La hiérarchie n'est pas très importante chez ces chevaux sauvages, et les combats sont plutôt rares. La raison en est qu'il n'y a pas de compétition dans cet environnement : la nourriture est répartie de manière équivalente dans le vaste désert du Namib, et l'eau est disponible en quantité suffisante à deux abreuvoirs artificiels, où de plus les chevaux se rendent à des heures différentes. Enfin, c'est la jument qui choisit son partenaire, et si celle-ci ne désire pas s'accoupler, les combats entre étalons sont sans effet.
Les chevaux sauvages du Namib sont étudiés scientifiquement depuis 1993. Dans le passé, leur nombre a varié entre 60 et 300 suivant la quantité et la qualité des herbages disponibles. Ces dernières années, leur population s'est stabilisé entre 90 et 150. En période de sécheresse, les chevaux couvrent de grandes distances pour se nourrir et jouent rarement. Au contraire des chevaux domestiques, la soif ne leur cause pas de stress particulier. Lorsque les pluies font apparaître de nouveaux herbages, les chevaux adoptent un mode de vie plus serein : ils pâturent la nuit, restent à proximité des points d'eau où ils vont boire tous les jours, et passent l'essentiel de leur temps à se reposer ou à jouer.
Ces chevaux ayant été importés, ils sont des intrus dans les étendues sauvages du Namib. Toutefois, selon une étude de la biologiste Telané Greyling qui a été rendue public en 2005, il semble qu'ils ne constituent de menace ni pour les 500 plantes du fragile biome du Nama Karoo, ni pour la faune indigène comme les autruches, les gemsboks ou les springboks. Ils ne se nourrissent que d'herbe, occasionnellement de buissons, et vivent dans un territoire relativement restreint, laissant tout le désert aux autres animaux pour rester à proximité de l'eau.
Le flehmen est une attitude caractéristique des équidés, des félins et de certains ruminants qui utilisent l'organe de Jacobson situé sur le palais pour détecter les phéromones ou certaines odeurs.
Près de Garub, un abreuvoir artificiel profite aussi bien aux chevaux qu'aux autres animaux du désert. C'est le seul point d'eau permanent de la région, alimenté par un puit à 4 km de là. Durant l'été austral (Novembre-Mars), lorsque les températures dépassent souvent 30° Celsius, les chevaux vont boire toutes les 30h environ. En hiver par contre (Mai-Septembre), quand les températures sont plus clémentes (en-dessous de 22° Celsius), ils peuvent se passer de boire pendant 72h.
La coprophagie est une pratique courante chez les chevaux du Namib.
En plus de l'herbe du désert, les chevaux mangent leur crottin ou celui de leurs congénères, absorbant ainsi des nutriments non digérés. Leurs excréments contiennent trois plus de lipides (1,99 %) que l'herbe sèche des environs (0,7%), et deux fois plus de protéines (6,1 % contre 3,1 %). La coprophagie est donc une supplémentation alimentaire très utile dans un environnement pauvre : le rapport est de presque 1kg de crottin pour 7 kg d'herbe.
Les pieds sont parés naturellement par l'abrasion du sable et des cailloux. Je n'ai pas vu de seimes sur une centaine de chevaux inspectés rapidement, et d'une manière générale, j'ai constaté qu'ils avaient les pieds en assez bon état. La sécheresse de l'environnement a l'avantage d'éviter tout pourissement de la sole et de la fourchette, comme c'est le cas de beaucoup de chevaux en box qui piétinent dans une litière ammoniaquée par l'urine, ou de chevaux qui passent l'hiver dans un pré humide.
Les critères esthétiques des concours de modèles et allures ne sont pas toujours ceux de la nature...
Les poulains sont soumis à une importante mortalité. 40 % d'entre eux n'atteignent pas l'âge adulte dans les difficiles conditions du désert du Namib. Ils doivent être capables de suivre la harde presque immédiatement après leur naissance, car les juments sont rassemblées par les étalons et ne sont pas autorisées à retarder le groupe. Les poulains sont parfois la proie de quelques hyènes brunes, guépards ou léopards qui errent dans la région, et en période de sécheresse, ils doivent parcourir de grandes distances qui les épuisent et leur sont parfois fatales.
L'isolement dans lequel ont vécu les chevaux du Namib pendant près d'un siècle a entraîné une certaine consanguinité. Pourtant, ces chevaux sont d'une incroyable résistance, résultat d'une sélection naturelle qui élimine les faibles et ne garde que les sujets dôtés du meilleur patrimoine génétique. L'étude de prélèvements sanguins soulève d'ailleurs la possibilité que ces chevaux aient muté pour pouvoir survivre dans un environnement aussi inhospitalier.
Les conditions désertiques n'ont pas que des désavantages : les chevaux du Namib ont peu de parasites.
Les Hommes ont une responsabilité envers ces chevaux sauvages qu'ils ont amenés d'Europe pour leur propre usage avant de les abandonner dans ces contrées hostiles. La controverse sur l'impact de cette espèce étrangère n'ayant pas lieu d'être, les autorités namibiennes ont adoptée de nos jours une gestion cohérente du problème en tirant les leçons de quelques erreurs du passé (comme la capture et la vente d'une centaine de chevaux sans sélection d'âge ni de sexe lors de la grande sécheresse de 1992).
Des études prenant en compte les pluies et les herbages ont établie que le chiffre de 130 chevaux était celui qui assurerait le meilleur équilibre avec les ressources limitées du petit territoire où peuvent vivre ces équidés, des fluctuations à brève échéance pouvant osciller entre 80 et 180. En période de grave sécheresse, comme celle de 1992 qui a fait une quarantaine de victimes, les chevaux sont nourris avec de la luzerne, et en cas de surpopulation, un nombre déterminé de jeunes entre 2 et 4 ans (ceux qui n'ont pas de liens sociaux trop anciens avec leur groupe) sera relocalisé plus au sud à Aussenkehr, sur des terres qui leur sont attribuée près de la frontière sud-africaine.
Avis Dam, à Windhoek.
Fête nationale des Basters (Rehoboth).
Course avec un guépard à N/a'an ku sê : à l'arrêt, un guépard peut atteindre 90 km/h en 3 secondes !
Ranch Koiimasis, dans le désert du Namib.
Débourrage avec Mark Lyon (Texas).
Branding.
Désert du Kalahari.
Sous la surveillance des gnous bleus.
Mangouste jaune.
Gemsbok.
Serpentaire.
Springbok.
Chacal à chabraque.
Anib Lodge.
Voir également :