CHEZ LES COWBOYS DU MONTANA Pour se rendre au
CHEZ LES COWBOYS DU MONTANA
Pour se rendre au Schively ranch, il faut entrer dans un territoire appartenant aux Indiens Crow, traverser une réserve de Mustangs (Wild Horse Range), puis rouler pas moins de deux heures en 4X4 sur des pistes poussièreuses en contournant le magnifique canyon de Bighorn...
Tous les matins vers 7h, une "remuda" pâturant en prairie est ramenée au ranch. Dans le corral, Jake atttribue à chacun sa monture de la journée en l'attrapant au lasso.
Le Schively Ranch élève environ 1200 têtes de bétail de race Black Angus destinées à produire une viande de qualité.
J'ai pu me rendre compte combien les chiens étaient essentiels dans le travail avec le bétail.
L'immensité du ranch laisse pantois. Où que l'on regarde, on a cette impression d'espace infini qui contraste avec la petite Europe. Le Montana est d'ailleurs surnommé "Big Sky Country", le "Pays au Grand Ciel".
Beaucoup de chats au ranch finissent croqués par les coyottes...
Les selles américaines sont sans surprise : confortables. La corne (horn) à l'avant est rassurante car l'on peut s'y raccrocher au cas où l'on perdrait l'équilibre. En guise d'étrivières, de larges "fenders" permettent même, avec un bon jean Wrangler, de trotter enlevé et de galoper en équilibre comme en équitation classique, sans se brûler les mollets au 3ème degré...
Ike et son jeune chien Rascal, qui était fatigué de marcher.
Le travail de cowboy est difficile, mal payé, et le plus souvent saisonnier, d'avril à novembre. Nourri-logé, Ike me confie qu'il gagne environ 1000 dollars nets par mois.
Jessy, la femme de Jake.
Les cowboys ne sont pas des grands bavards. Ils mènent une vie simple, presque austère, et ne sortent que rarement de leur ranch. D'esprit religieux, ils ne mangent pas avant d'avoir fait leur bénédicité. Les discussions restent généralement cantonnées au quotidien du ranch. On est bien loin de l'agitation du monde, dont on a que faire.
La plupart du temps, ils n'ont pas poussé leurs études très loin. Jake me dit un jour qu' il n'aimait pas beaucoup l'école parce qu'on n'y parlait pas assez de chevaux...
Habituellement, on est "rancher" de père en fils, et pour accepter toutes les rigueurs de la profession, il faut certainement avoir été élevé dans la ferme familiale : tôt levé, tôt couché, et en selle toute la journée, six jours sur sept, sous une chaleur accablante l'été et dans le froid glacial l'hiver : "Pour être un bon cowboy, m'explique Jake en plaisantant, il faut deux choses : être dur, et idiot !" ( You need two things to be a cowboy : to be tough, and dumb !)
Dans les montagnes du ranch, peu après avoir croisé un jeune ours noir. Les environs abritent également des pronghorns, des coyottes et des crotales...
Ike et ses chiens, lors d'une pause pour le repas de midi.
Réparation de clôtures.
En 1874, l'Américain Joseph Glidden déposait le brevet du fil de fer barbelé et construisait la première machine capable de le produire en quantité industrielle.
L'apparition des clôtures dans les prairies de l'Ouest américain allait sonner le glas des pâturages libres (open range), mettant ainsi fin à la brève épopée des cowboys et de leurs immenses convois de bétail vers les "cattletowns" comme Abilene ou Dodge City.
En l'absence d'arbres dans la prairie, les chiens prennent l'habitude de se protéger du soleil impitoyable de l'été à l'ombre des chevaux !
Le costume des cowboys n'a rien de fantaisiste. Chaque élément de sa tenue répond à une utilité bien précise. Le chapeau à larges bords protège du soleil, de la pluie et des branches basses, tandis que le foulard attaché sur le visage préserve de la poussière. Le jean à la solide toile "de Nîmes" résiste à l'usure de la selle. La chemise évite les coups de soleil, et les gants la brûlure du lasso au bout duquel se débat le veau. Dans son gilet aux nombreuses poches, le cowboy peut ranger ses allumettes, son tabac, ses clous, son couteau pliant... Les bottes à hauts talons permettent de bloquer le pied dans l'étrier, et les éperons à mollettes ne blessent pas les flancs des chevaux. Enfin, les "chaps" tiennent chaud en hiver et offrent une bonne protection contre les égratignures des buissons, ou même les morsures de crotales.
Les chevaux élevés au ranch vivent en liberté dans les montagnes, et ils ne se laissent pas rassembler aussi facilement que des vaches !
Nous devions ramener ce troupeau au ranch pour séparer l'étalon des juments, mais il nous aura fallut deux jours pour le localiser.
En apercevant au loin les chevaux, Jake est resté pensif un bon moment, et je ne comprenais pas pourquoi il réfléchissait tant. Comme je le questionnais, il a fini par m'expliquer qu'un rien suffirait à faire détaler le troupeau et qu'il pouvait "se retrouver derrière la montagne avant même que tu n'y penses".
Jake connaissait son affaire, et il a fait un grand détour pour prendre les chevaux à revers. Nous n'avions plus qu'à les arrêter dans le calme en bas de la montagne.
C'était assez amusant d'attendre sur nos Quarter Horses dans le silence de la prairie. Cela me faisait penser un peu à une bande de "desesperados" qui guettaient le passage de la diligence...
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